Alors, même si une majorité de jeunes décrochent leur premier emploi davantage par hasard que par choix (32% par opportunité contre 23% par conviction), 78% d’entre eux affirment que cette première expérience professionnelle a répondu à leurs attentes. Chez les plus jeunes, la satisfaction s’effrite (40 à 50 % de moins), mais Marc Darnault, associé d’Optimaretraite, le rappelle : il vaut mieux patienter. « Le moment idéal pour procéder à ce rachat, c’est six mois avant la date prévue du départ, lorsque votre situation et les règles sont bien claires, car elles changent souvent. »
Regardons les rémunérations de départ : aide à domicile (1 180 €/mois net), garde d’enfants (1 200 €), animateur en centre aéré (1 230 €), ambulancier (1 290 €)… Un quart des jeunes choisit d’abord l’entreprise pour se faire la main, souvent via un stage (11%), l’intérim (8%) ou l’alternance (8%).
Pour trouver ce premier poste, ils comptent rarement sur les institutions : seuls 5% l’ont obtenu via Pôle Emploi, 4% par le biais de leur école. Les réseaux sociaux, qu’ils soient professionnels (3%) ou personnels (2%), demeurent anecdotiques dans la réussite du premier recrutement. La création d’entreprise attire, portée par le besoin de se réaliser, l’attrait de l’autonomie, le goût du défi et l’envie de meilleurs revenus. Mais ce déclic survient souvent après des difficultés d’insertion ou lors d’une réorientation forcée. Certes, le statut social des nouveaux indépendants est moins valorisé, mais ceux déjà couverts par une pension ou une protection n’en font pas un frein.
Les jeunes actifs à l’étranger ne sont pas oubliés : si le pays a signé une convention sociale avec la France, leurs périodes cotisées ailleurs comptent pour le calcul du taux de liquidation. Le sondage OpinionWay sur lequel reposent ces chiffres a été mené sur un échantillon de 1 010 jeunes de 18 à 30 ans, représentatif selon l’âge, le sexe, le statut, le niveau d’études, le type d’agglomération et la région. Chloé Planchon, conseillère en orientation, le dénonce clairement : « L’orientation repose essentiellement sur les notes, c’est élitiste, certains élèves à l’aise scolairement pensent que tout leur est permis. Trop de choix, pas assez de décisions : c’est un frein. »
La reconnaissance des périodes de congé parental d’éducation souffre, elle aussi, d’incertitudes. Pour les hommes, les textes adoptés depuis 2013 s’avèrent inopérants depuis 1993. Face à l’incertitude professionnelle, à l’absence de conciliation avec la vie privée ou au manque d’épanouissement, de plus en plus de jeunes élaborent un projet d’activité personnelle. D’autres exemples de salaires : employé d’étage (1 100 €), bagagiste (1 125 €), réceptionniste/veilleur (1 175 €), aide de cuisine (1 100 €), employé de restauration (1 100 €), serveur (1 125 €), employé de café-brasserie (1 175 €).
L’esprit d’entreprise s’enracine surtout chez les moins de 30 ans (36%) mais reste fort chez les actifs de 30 à 49 ans (44%). Prendre pied sur le marché du travail réserve parfois des déconvenues : 66% des jeunes estiment que l’école ne les a pas suffisamment préparés pour faire face à la réalité du premier job, et 69% l’ont ressenti dès leur arrivée en poste.
Le constat se confirme dans la durée : 51% de ceux qui ne connaissaient aucun professionnel avant leur premier contrat démissionnent dans l’année, contre 43% de ceux qui étaient mieux accompagnés.
L’allongement de la période de cotisation pour la retraite à taux plein restreint aussi la capacité à doper sa pension simplement en travaillant davantage.
Pour toute citation ou information issue de cet article, la mention « Observatoire du Premier Emploi » Étude OpinionWay pour My Job Glasses, Mars 2017, est impérative. Entre théorie et terrain, la validation des trimestres demeure floue : le régime général n’admet pas systématiquement chaque mois cotisé, et des périodes morcelées ne suffisent pas à déboucher sur un trimestre plein, même si leur cumul atteint la durée cible. Cette incertitude guette en début ou en milieu de carrière.
L’entrée dans la vie active s’effectue tôt : à 20 ans en moyenne. Une tendance qui se décale, avec une entrée autour de 21 ans pour ceux ayant aujourd’hui plus de 25 ans, contre 19 ans pour les plus jeunes. Le cas de ce docteur en finance de 28 ans, qui a choisi San Diego faute d’opportunités françaises, illustre bien les trajectoires nouvelles : il a rejoint une start-up lancée par un Français. Comme le rappelle Pascale Gauthier, choisir un statut autre que salarié permet d’acquérir de nouveaux droits et de diversifier ses cotisations retraite.
Les jeunes sont loin d’avancer à l’aveugle : 67% savaient précisément vers quel secteur se tourner, 63% avaient identifié un métier en début de carrière, et cela grimpe à 74% chez les diplômés les plus avancés. My Job Glasses, par son modèle de rencontres entre étudiants et professionnels, joue sa carte pour activer les réseaux et accélérer l’embauche.
Pour mieux cerner les arbitrages des jeunes lors de leur première installation, il vaut la peine de détailler quelques voies suivies :
- L’achat immobilier sert souvent à construire un capital réutilisable plus tard, par exemple pour un changement de région ou la revente en vue d’acquérir un bien plus petit.
- Ce patrimoine financier peut ensuite devenir source de rente ou faciliter l’achat d’un bien locatif, créant une sécurité sur la durée.
Les unions pacsées ou le concubinage ne permettent toujours pas d’accéder à la pension de réversion, strictement réservée au conjoint légal d’un assuré décédé. Côté entrepreneuriat, on se réfère à un indice inspiré d’un outil québécois : il prend en compte non seulement l’intention de lancer une entreprise, mais aussi le passage à l’acte et la gestion, même si l’activité est récente ou a cessé.
Une période d’exonération ayant pris fin en 2015 permettait de racheter des trimestres à tarif réduit, plus avantageux que pour les années validées par les études. Face à l’ampleur des défis, l’accompagnement proposé aux jeunes doit dépasser la logique de tri scolaire pour les aider à révéler leurs compétences, leurs valeurs et leurs envies profondes.
Le paysage de l’insertion reste marqué : stagnation du marché de l’emploi, hypervalorisation du diplôme, discriminations répétées, en particulier à l’égard de candidats issus de l’immigration, même hautement diplômés. L’orientation ne peut négliger ces réalités, ni la diversité des parcours ou l’ouverture aux méthodes d’enseignement venues de l’étranger.
Du côté des entreprises, l’exigence monte : rigueur, capacité d’analyse, réflexion transversale et vision globale prennent le pas sur la simple technicité, comme l’exigent la plupart des employeurs ou des cabinets de conseil.
Se connaître soi-même n’est pas chose évidente à 20 ans. Les jeunes profitent du jeu ou des dynamiques collectives pour mieux capter ce qui les anime vraiment. Quelques chiffres pour le secteur tertiaire : distributeur de prospectus (1 190 €), agent d’accueil (1 220 €), agent d’enquêtes (1 270 €), employé de bureau (1 260 €), télévendeur/téléconseiller (1 310 €). L’œil des recruteurs varie selon les pays : évoquer Polytechnique à un DRH allemand évoque la polyvalence, explique Jérôme Lecot d’Eurojob Consulting. Les moins de 30 ans pèsent de plus en plus dans la création d’entreprise : ils représentent un quart des nouveaux patrons aujourd’hui.
TRANSPORT, MAGASINAGE, LOGISTIQUE
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 68% des jeunes, tous niveaux confondus, déplorent le manque d’accompagnement scolaire pour trouver leur premier emploi. Conséquence immédiate : 63% découvrent un secteur qui leur plaît, mais 58% n’accèdent pas au métier rêvé, et la proportion monte à 62% chez les moins de 25 ans et à 64% pour les Bac à Bac+2. Le travail, aujourd’hui, ne cesse de bouger. Changer d’entreprise ou de fonction devient la norme, aller jusqu’à créer son propre métier, la suite logique.
Impossible de valider plus de 4 trimestres par an, même en cumulant différents contrats et régimes. Certaines métiers prennent de l’envergure en entreprise, tels que trésorier (gestion financière), consolideur (données comptables), risk manager (gestion des risques financiers). OpinionWay, à la demande de My Job Glasses, a mesuré la réalité du premier emploi en France à l’occasion du Salon de l’Étudiant.
Le rachat de trimestres représente un levier pour ceux qui envisagent un départ anticipé avant l’âge de la retraite à taux plein (fixé entre 65 et 67 ans selon la génération) et n’auraient pas acquis tous les trimestres. Les sociétés de propreté, elles, s’implantent dans tous les secteurs : santé, tertiaire, distribution, hôtellerie, agroalimentaire, scolaire ou loisirs. Pour aider l’expression des jeunes et favoriser leur écoute, mieux vaut miser sur une ambiance bienveillante, éviter les injonctions familiales ou scolaires, dépasser les a priori sur certaines filières. Difficile à appliquer sur le terrain, parfois. Beaucoup débutent dans l’audit, séduits par les rémunérations, puis rejoignent l’expertise comptable avec l’expérience.
Le secteur couvre toutes les structures, du public comme du privé, en partenariat avec de multiples services et souvent exposé au contact direct avec la clientèle. Le comptable client, par exemple, gère avant tout la relation et le recouvrement ; le comptable général, lui, doit naviguer à travers des normes en évolution constante. Les droits à la retraite s’appuient sur le régime général et, pour les non-salariés, le RSI.
Le métier de comptable paie bien, reste méconnu des jeunes diplômés et demeure accessible avec un bac+3 complété par une année de spécialisation. D’autres revenus du secteur : ménage à domicile (1 190 €), entretien/maintenance (1 270 €), nettoyage urbain (1 200 €), assainissement (1 280 €), gardien d’immeuble (1 270 €), blanchisserie (1 150 €), médiation/sécurité (1 175 €) ou agent de sécurité (1 200 €).
Le dispositif permettant de travailler à temps partiel à 60 ans, en poursuivant sa carrière tout en touchant une fraction de sa retraite, est désormais accessible depuis le 1er février, à condition d’avoir le bon nombre de trimestres. Les cabinets de conseil modifient leurs exigences de recrutement pour suivre la complexité croissante des métiers et des normes. Suivre un module de création d’entreprise augmente encore le goût pour l’indépendance.
Tout commence par un principe simple : définir sa propre orientation s’impose, à condition d’être bien entouré, ce que rappelle Chloé Planchon. Travailler à son compte ou investir dans sa propre structure attire respectivement 25% et 21% des répondants. Pour conserver vraiment son niveau de vie à la retraite, il faudra désormais valoriser ses droits, épargner et miser sur la débrouillardise.
Paul-Émile raconte : « Les conseils de mes parents semblaient précieux, mais j’ai vite compris qu’il fallait surtout expérimenter par moi-même. » Quand on classe les trajectoires selon leur rapport à l’initiative indépendante, près d’un tiers des Français s’y retrouvent ou s’y sont risqués à un moment de leur vie. D’autres axes émergent : consolidation (sans formation dédiée), secteur des assurances, ou encore les banques où l’offre de formation reste restreinte. Les erreurs administratives rythment les débuts : périodes manquantes, trimestres non validés malgré le versement de cotisations, changements de statut flous. Il n’est pas rare de voir des jeunes chercher du sens, hésiter sur la voie à suivre, que ce soit après le lycée ou bien plus tard. Ce rapport dynamique au monde du travail marque ceux déjà en poste : 65% connaissaient la réalité professionnelle du terrain avant leur première expérience.
Mais l’aspiration ne suffit pas : il faut bâtir un projet robuste, nourri par des échanges avec des professionnels des secteurs visés, rappelle Chloé Planchon. Dès la Quatrième, certains dispositifs, telle Acteüs Orientation, s’emparent du jeu pour préparer les ados à la fameuse question scolaire : « Que vas-tu faire plus tard ? » Selon l’AFE, 36% des moins de 30 ans ont déjà participé, directement ou non, à l’aventure entrepreneuriale.
Pour finir, la jeunesse actuelle puise dans le numérique et les nouvelles technologies, voyage facilement, bâtit des réseaux solides. Elle investit les projets solidaires, sociaux, environnementaux de façon concrète, jusqu’à faire de la vie en communauté un pilier autant qu’un engagement. Cette génération n’attendra pas qu’on lui cède la place : elle s’invite, la conçoit à sa façon, ose déplacer les frontières si besoin. Feuille blanche ou terrain ouvert : l’avenir, elle le prend à bras-le-corps.

